L'abbaye de Vallbona
Dans ses romans Patrick me met souvent en contact avec l'abbaye de Saint Genis (elle est même un des "personnages" principaux de ma deuxième enquête Les anges de Saint Genis). Et c'est vrai qu'elle est la plus proche implantation monastique des environs. Pourtant, nous avons une abbaye encore active (même peu), sur le territoire de notre paroisse. C'est l'abbaye de Vallbona.
Mais elle est très peu connue, même à notre époque, et n'a guère d'activité. En raison de son isolement, surtout. Géographique et spirituel.
Située tout au fond d'un vallon affluent de celui du Ravaner, que nous avons déjà rencontré lorsque je vous ai parlé de l'ancienne église de Torreneules, l'abbaye est vraiment à l'écart de tout. D'ailleurs, à peine deux siècles après sa fondation en 1242, les moines la quittèrent pour s'installer à Perpignan. Il fallut toute l'autorité du pape pour, au XV° siècle, les contraindre à retourner à Vallbona. Pourquoi le pape? Parce que ces moines appartiennent à l'ordre cistercien, qui est de droit pontifical, c'est-à-dire que le Saint Siège y dispose d'une autorité particulière. Et comme il n'y a pas beaucoup d'implantations cisterciennes dans notre région, le pape n'admettait pas la disparition de l'une d'entre elles.
D'ailleurs, Patrick me dit que ce retour à Vallbona ne va pas être très durable. Les cisterciens étant des moines contemplatifs, ils ne se mêlent guère à la population locale. Et donc rares sont les liens créés avec les quelques habitants de ce vallon des Albères.
À votre époque, l'abbaye est détruite depuis longtemps, et les rares vestiges qui subsistent sont intégrés dans une propriété privée.
On a du mal à imaginer que là, pourtant, des hommes voués à Dieu (ils étaient une douzaine lors de la fondation de l'abbaye) se sont isolés du siècle pour vivre leur foi et leur sacerdoce. Ils ne sont plus que quelques-uns, à mon époque.
Francisco a eu l'occasion de s'y rendre, une ou deux fois, pour soigner l'un ou l'autre d'entre eux. Il m'a raconté leur isolement et leur pauvreté.
Comme s'ils savaient inéluctable la fin de leur implantation...