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Sant Esteba d'Orle

Publié le par Jaume Ribera

Orle, jusqu'à ma dernière enquête, j'en avais à peine entendu parler. Ce n'est pourtant pas très loin d'Argelès: pas plus de 3 ou 4 lieues... C'est en fait tout près de Perpignan.
Et pourtant, je n'y étais jamais allé!
Depuis, bien sûr, je connais beaucoup mieux. Mais chut! Patrick serait très fâché que je vous en dise plus sur cette enquête, sur le récit de laquelle il travaille avec obstination.

Voici donc un tout petit hameau, qui était pourtant déjà un lieu important alors que notre grande ville actuelle commençait à peine à émerger. C'est dire si le lieu n'est pas anodin dans l'histoire de notre région.

Proche de la Bassa et de la grande route qui vient de Thuir

S'il était besoin d'en chercher la preuve, rappelons-nous qu'Orle (Orla, en catalan) fut très tôt le siège d'une commanderie templière. Les chevaliers du Temple qu'elle administrait n'étaient pas des chevaliers combattants. Mais ils accomplirent, comme leurs homologues du Mas Deu dont ils dépendaient, un considérable travail de défrichage et de mise en culture dans toute la plaine adjacente. Ce qui impliqua notamment beaucoup de travaux d'assèchement des étangs et des lacs dont cette vaste plaine regorgeait.

La domination des Templiers s'effondra au début du XIV° siècle sous la pression du Roi de France, inquiet de la puissance qu'ils représentaient. Ce sont les Frères de l'Ordre Hospitalier de Saint Jean de Jérusalem qui leur succédèrent. Ils y sont toujours.
Plus précisément, ils contrôlent toujours la commanderie du Mas Deu, qui est leur implantation principale; celle de Bajoles, aux portes de Perpignan, plus récente mais plus prospère grâce au soutien de quelques riches familles perpignanaises; et quelques autres implantations de rang plus subalterne (la Maison du Temple, à Perpignan; le prieuré de Collioure...).

Et Orle?
Les Frères hospitaliers possèdent toujours les lieux, mais ceux-ci ont lentement périclité, de même que tout le hameau.
Au point que de l'ancien complexe religieux il n'existe désormais plus que l'église, et quelques pans de murs de l'ancienne commanderie.

Cette église Sant Esteba m'a empli de nostalgie, lorsque j'ai eu l'occasion d'y pénétrer (mais chut! Je ne vous dirai pas pourquoi j'y suis allé...).

Évidemment, de nos jours, coincé entre routes et ronds-points, l'endroit a perdu sa majesté

Elle a pourtant dû être impressionnante, lors des temps passés. J'ai pu y admirer de nombreux arcs et piliers de grès, qui structuraient une haute voûte renforçant la solidité du lieu. Plusieurs parois, ainsi que le fond de l'abside, sont percés de larges ouvertures, abritant des vitraux remarquables, très clairs et aux motifs géométriques. Certains présentent des armoiries que je n'ai pas cherché à identifier, mais qui sont sûrement liées aux commandeurs successifs que le lieu a connus.

L'un des rares vitraux encore existants de nos jours

Patrick me dit que pour vous, il ne reste pratiquement plus de mémoire de ce hameau qui fut prospère, et qui est désormais complètement absorbé par les faubourgs de Perpignan. Et que vos contemporains n'ont guère de respect envers les vestiges de ces temps anciens où Orle supplantait pourtant notre grande ville en importance.

À votre époque ai-je compris, seule l'église Sant Esteba, assez fantomatique, subsiste encore, comme un reproche envers tous ceux qui l'ont laissée péricliter, malgré les siècles d'histoire qu'elle représente.

J'ai beau avoir plusieurs fois entendu Patrick me faire ce genre de réponse, quand je lui parle d'un lieu que je connais, mais qui a quasiment disparu pour vous, je ne m'y habituerai jamais...

Publié dans Ma région

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