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mes amis ... et mes ennemis

Templiers et Frères Hospitaliers

Publié le par Jaume Ribera

Ce n'est pas pour le plaisir de verser dans la cuistrerie historique que je vous parle de ces ordres religieux et militaires bien connus. C'est parce qu'ils ont eu un rôle très important dans notre région, et que ce rôle est toujours réel à mon époque. Je ne serais donc pas surpris d'avoir à les côtoyer, ou les affronter un jour ou l'autre.

Comme vous le savez sans doute, l'ordre du Temple a été fondé au début du XII° siècle, et s'est surtout développé, très rapidement, dans l'aire méditerranéenne. Notre région a été très tôt (dès 1131) un point d'appui important pour son expansion.


Chose inhabituelle: les deux premières recrues de l'Ordre en Roussillon ont été un Pagès (paysan propriétaire de ses terres) et ... une femme, châtelaine. Les nobles ne les ont rejoints que plus tard. C'est sans doute pour cela que la commanderie templière du Roussillon n'a jamais été une commanderie combattante; sa fonction était l'exploitation de ses propriétés, qui s'étendaient sur de nombreuses paroisses du Roussillon, des Albères et des Aspres, afin de procurer des ressources à l'Ordre.

À la chute de ce dernier, deux cents ans plus tard, ses implantations, ses terres, beaucoup de ses adhérents ont été "récupérés" par un autre ordre religieux: les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Ce sont toujours les frères hospitaliers qui gèrent tous les revenus (que l'on dit considérables) de leurs possessions en Roussillon.

La région étant un peu à l'écart des grands chemins de pèlerinage, ils ont une fonction de moins en moins hôtelière, et de plus en plus foncière. Il est probable qu'une fois solidement installés, les nouveaux maîtres de la province vont essayer de contrôler plus ou moins leur richesse.
Ils y seront sans doute aidés par la rivalité qui sévit entre leurs deux implantations principales, leurs deux commanderies: celle, d'origine, du Mas Deu, près de Trouillas, et celle de Bajoles, à peu près entre Perpignan et Cabestany.

Je vous parlerai plus en détail, très bientôt, de chacune de ces deux implantations. Le temps pour Francisco de me trouver quelques informations précises sur elles.

Lui, me dit-il, s'est déjà rendu dans chacune. Moi, pas encore.

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Les moines bénédictins

Publié le par Jaume Ribera

L'ordre de Saint Benoît est très présent dans notre région. Il n'est pas le seul: il y a des augustiniens au Monestir del Camp, des frères Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem dans plusieurs de leurs maisons-temples (dont Bajoles à Perpignan, ou le mas Deu qui a des possessions à Argelès notamment), et quelques autres groupes moins nombreux...

Néanmoins, les trois principales abbayes que j'ai été amené à fréquenter durant mes récentes enquêtes sont toutes les trois bénédictines: Sant Genis de Fontanes, près d'Argelès, Sant Marti del Canigó, et Sant Miquel de Cuixa, toutes deux dans le bas Conflent.

 

 

 

Sant Genís de FontanesSant Marti del CanigóSant Miquel de Cuixa

Et il faudrait ajouter notamment l'abbatiale Santa Maria d'Arles, les prieurés de Serrabona et de Corneilla...

Pourquoi les bénédictins sont-ils aussi présents dans notre région? C'est une histoire très ancienne. Toutes les implantations de notre versant des Pyrénées (la Catalogne désormais française) dépendent à l'origine de la riche et puissante abbaye de Montserrat, au Nord-Ouest de Barcelone. Celle-ci a été créée en 1025 par l'abbé Oliba, dont le père avait abandonné tous ses titres de comte de Cerdagne et d'autres régions pour se retirer au monastère de Monte Cassino, en Italie. Lequel monastère avait été fondé cinq cents plus tôt par Benoît de Nurcie, créateur de l'ordre des bénédictins...
Et voici pourquoi nos abbayes sont surtout bénédictines!

 

Santa Maria de Montserrat

 

Alors: sont-ils mes amis ou mes ennemis, tous ces bénédictins? Il faut reconnaître que ceux que j'ai rencontrés à la tête des abbayes (Maur de La Rea à Sant Genis, Francesc de Montpalau à Sant Martí et Sant Miquel) m'ont plutôt causé des ennuis qu'apporté de l'aide. Mais c'est parce qu'ils sont pris dans les jeux et rivalités de leurs implantations religieuses, et particulièrement mal à l'aise depuis que nous sommes rattachés au Royaume de France. Parce que Montserrat, elle, est restée en Espagne; et parce que le nouveau pouvoir se méfie d'eux comme de la peste. Quand il est venu à Perpignan, en avril 1660, Louis XIV l'a bien recommandé: ne pas brusquer les religieux, mais ne pas tolérer la moindre équivoque quant à leur soutien à la couronne de France. Or ce soutien est très fragile, c'est le moins que l'on puisse dire!...

Une dernière chose, que Patrick insiste pour que je vous la dise: les abbés (La Rea, Montpalau...) qu'on rencontre durant mes enquêtes ne sont pas fictifs et issus de son imagination: ils ont vraiment existé dans ces fonctions.


Mais pourquoi veut-il que je dise cela? Je le sais bien, moi, qu'ils ont existé; puisque je les ai rencontrés, et parfois affrontés!.

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Anne de Noailles

Publié le par Jaume Ribera

Alors s'il vous plaît: on ne se moque pas!... À mon époque, "Anne" est un prénom mixte, porté aussi bien par des femmes que par des hommes. Donc pas de surprise à ce que le prénom du premier Gouverneur français de la province du Roussillon nouvellement annexée ait été "Anne".

Très précisément Anne de Noailles, marquis de Montclar, marquis de Mouchy, baron de Chambres et de Malemort... et surtout, pendant qu'il était chez nous, premier duc de Noailles et pair de France! La fine fleur de la noblesse militaire du règne. D'ailleurs, ses descendants ont gouverné notre province jusqu'à ce que vous appelez la Révolution. C'est dire l'importance de la lignée, et le soutien qu'elle représentait pour nos rois.

Il devint Gouverneur du Roussillon peu avant que Louis XIV vînt en voyage chez nous, sur sa route vers le Pays basque où il s'est marié. Il était encore jeune (environ 45 ans), mais auréolé par ses charges à la Cour: capitaine des gardes du corps, lieutenant-général...
Autant dire que quand j'ai été amené à le rencontrer, lors de mon enquête sur le fanal de Madeloc, il prenait ses marques et avait franchement autre chose à faire que de s'occuper d'un jeune consul argelésien, même si celui-ci cherchait un assassin. Comme mon enquête chatouillait quelques notables de Perpignan, il ne m'a pas complètement ignoré, et il m'a adjoint Athanase, un de ses capitaines, dont je vous ai parlé. Pour m'aider; un peu pour me surveiller...
J'y ai au moins gagné un ami...

Ce qui l'a beaucoup plus intéressé, c'est qu'in fine, mon enquête lui a sauvé la vie (je ne vous dirai pas comment, car Patrick va encore m'accuser de trahir le secret de ses romans...). Alors, évidemment, cela crée une certaine reconnaissance de sa part.

En fait, il n'est ni vraiment un ami, car il reste quand même le chef de l'administration française dans la région, ni vraiment un ennemi, car il me sait loyal et qu'il m'estime, me dit Athanase.

Un homme qu'il vaut mieux avoir de son côté, en tous cas.
Et je l'ai...

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Miquel Paco

Publié le par Jaume Ribera

Miquel, c'est un personnage à Argelès. L'un des rares pêcheurs encore en activité. Je parle, bien sûr, de la pêche en mer; celle qui se pratique à bord des barques si typiques du pays catalan. Tellement typiques, d'ailleurs, qu'à votre époque on les appelle seulement "les catalanes". C'est dire...

Pourtant, Miquel n'est pas né pêcheur. Sa famille est de Sorède, où son père possédait pas mal de terres. Pas assez, toutefois, pour tous ses enfants. Alors, Miquel est parti tenter sa chance sur la mer. Ce qui n'était pas facile, car je vous ai dit que de mon temps, la mer était plus considérée comme source de menaces que comme pourvoyeuse de richesses. Miquel, lui, a pu en vivre. Même s'il n'a pas eu le bonheur de voir son fils lui succéder.

Miquel aime tellement la mer qu'il a choisi d'y vivre. Ou presque. Il s'est construit une petite cabane de bois et de roseaux, tout près des flots, abritée (cachée?) par la végétation sauvage abondante qui marque le rivage au Nord d'Argelès.

Et c'est là que je me rends souvent. Parce que Miquel est mon ami, depuis toujours. J'étais un gamin solitaire, lorsqu'il a pris l'habitude de m'emmener sur sa barque. Pour nous promener, la plupart du temps; mais pour pêcher, parfois. C'est Miquel qui m'a appris à "lire" la mer; ses couleurs, ses silences, ses colères soudaines...

Et aujourd'hui, alors qu'il a fini par prendre sa retraite et se contente de poser quelques pièges entre les roseaux pour se nourrir, je continue à lui rendre visite.

Je lui donne les nouvelles du village.

Il me montre combien les difficultés du moment sont insignifiantes par rapport à la beauté des paysages et à la grandeur de la mer. Et il me redonne le goût de vivre, lorsque je risque de le perdre...

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Emanuel d'Oms

Publié le par Jaume Ribera

Ma première rencontre avec Emanuel était un peu délicate pour moi. Pensez! J'étais deuxième consul de la cité d'Argelès, à ce titre chargé d'y faire respecter la loi du pays. Donc les coutumes et traditions catalanes, certes, mais aussi les décisions des nouvelles autorités françaises. Et Emanuel, lui, est le chef de la principale rébellion contre ces mêmes autorités françaises...

Et pourtant, il n'y eut aucun malaise. C'est peut-être dû à Francisco, vieil ami d'Emanuel.
Mais c'est aussi dû au caractère si particulier de ce jeune héritier d'une des plus vieilles familles de la noblesse catalane. Qui a perdu toutes ses possessions il y a une dizaine d'années, avant même l'annexion juridique du Roussillon par la France, mais à une époque où les troupes françaises y étaient déjà présentes.
En même temps que ses terres et ses titres, Emanuel a perdu toute la fierté et l'arrogance qui caractérise souvent ceux de son rang. Il est simple en toutes circonstances; il connaît la région mieux que personne; il ne se fait pas trop d'illusions sur l'issue de sa révolte, mais il la continue par fidélité envers son père, qui avait été un fervent partisan de la couronne espagnole.

Et surtout, il est fidèle en amitié. Et cela, dans les temps troublés qui sont les nôtres, c'est particulièrement précieux.

Ah, au fait!...
Patrick me demande de vous le préciser, une bonne fois pour toutes, car on lui fait souvent la réflexion. Non, il n'y a pas de faute à Emanuel.
En catalan, il n'y a qu'un seul M dans ce prénom.

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Athanase de Mostuéjouls

Publié le par Jaume Ribera

On ne peut pas dire que lui et moi soyons vraiment amis, mais nous nous estimons. Il est capitaine de la garnison française située à Perpignan. Mais j'ai pu me rendre compte qu'il est plus important dans le dispositif du gouverneur de Noailles que l'indique son grade, somme toute modeste.

Nous nous sommes connus lors de mon enquête sur le mort de Madeloc. Au début, il me l'a laissé entendre assez vite, il avait pour mission de me surveiller autant que de m'aider. En fait, je ne suis pas sûr que le gouverneur voie d'un très bon œil des Catalans mener des enquêtes en toute indépendance des autorités françaises. Même si on dit que le roi Louis, lors de sa venue à Perpignan, a bien recommandé de ne pas étouffer les libertés et les coutumes catalanes.

Mais Athanase est un pragmatique. Il sait que pour réussir une installation dans une province nouvellement occupée, il faut faire preuve de bienveillance et d'ouverture d'esprit. Pas de rigorisme et de suspicion tatillonne. Il a vite compris qu'en menant cette enquête, puis celle sur le meurtre de la petite Rafela Salas, je ne cherchais pas à contester quoi que ce soit contre le pouvoir des nouvelles autorités. Donc, il m'aide plus qu'il me bride dans mes recherches. Et dans ma dernière enquête, du côté de Serrabona et Espira, il s'est même un peu affranchi des ordres reçus pour m'aider.

Et pourtant, je me rends compte que je sais peu de choses de lui. Il est issu d'une vieille famille des confins de l'Auvergne et du Quercy. Il est arrivé en Roussillon il y a quelques années, bien après le siège de Perpignan, en 1642. Il a une belle prestance et se soucie de son élégance.
Mais rien de plus. Est-il marié? A-t-il des enfants? Revient-il parfois dans sa région d'origine? Je ne sais pas. Peut-être, un jour, me parlera-t-il un peu plus de lui...

Car il ne semble pas avoir envie de quitter la région en changeant de régiment.

Et cela, c'est pour moi une excellente chose.

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Francisco

Publié le par Jaume Ribera

Ahhh... Francisco!

Je pourrais écrire des heures sur lui... Et encore aurais-je le sentiment d'à peine effleurer qui il est vraiment. Il a vécu tellement de vies, avant même que nos chemins se rencontrent, et qu'il devienne pour moi plus qu'un ami: le père que je n'ai plus, le frère que j'aurais voulu avoir, le guide spirituel et intellectuel qu'il affectionne tant être...

Originaire d'une famille de notables de Sorède, il a plus ou moins coupé les ponts avec tous. Il partit jadis à l'aventure, dans le Royaume de France. Il y fut même soldat, lors du siège de La Rochelle, en 1627. Marin, aussi... Depuis, il n'aime pas beaucoup les militaires, et encore moins la mer.

Mais surtout, Francisco est un homme de science. Médecin, astronome, chimiste, je crois même qu'il s'aventure dans des sciences plus ou moins interdites: certains, à Argelès, murmurent qu'il pratique parfois l'alchimie. Lui laisse dire... Ce que je sais, c'est qu'il aimerait bien m'initier à tous ces domaines scientifiques, mais sans grand succès (pour le moment?).

Il m'a appris la médecine, et a su me transmettre cette vocation. Ce n'est déjà pas si mal, non?

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Solitaire, et alors?

Publié le par Jaume Ribera

On me reproche souvent d'être quelqu'un de solitaire... De préférer les longues promenades, seul au bord de la mer ou dans le massif des Albères, plutôt que les joyeuses assemblées festives.

C'est un reproche fondé............ En partie..............

La vérité, c'est que j'accorde difficilement ma confiance. Et donc mon amitié. Sans doute parce que j'ai souvent été trompé, et encore plus souvent déçu, par mes contemporains. Cela changera peut-être, avec le temps. Depuis quelques mois, quelques personnes importantes pour moi sont entrées dans ma vie.

Preuve que je ne suis pas si hermétique aux autres qu'on le dit.

D'ailleurs, peut-on vivre comme un ours à Argelès, alors que la Fête de l'Ours, c'est à Prats de Mollo qu'elle a lieu???

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