La cathédrale de Perpignan

Publié le par Jaume Ribera

Parce que Perpignan fut capitale, durant même pas un siècle (1276-1349) à l'époque du Royaume de Majorque, l'Histoire l'a dotée d'une cathédrale. Il existait déjà dans la ville, même réduite à ses modestes dimensions du Moyen-Âge, un assez grand nombre d'églises et d'implantations religieuses. Mais aucun de ces lieux n'avaient la taille ni la prestance d'une vraie cathédrale. D'un lieu qui, à lui seul, symboliserait au plan religieux la splendeur de la dynastie des rois de Majorque, comme leur Palais attestait de leur puissance terrestre.

Bien que capitale d'un royaume, la ville était bien plus petite que celle que je connais à mon époque

Alors, à partir du tout début du XIV° siècle, commencèrent les travaux d'édification d'une vraie cathédrale. Le projet initial était considérable, démesuré même: trois nefs, triple abside, multiplicité des chapelles sur les bas-côtés... Tout cela n'était pas vraiment raisonnable, il faut le reconnaître.
Certes, les bâtisseurs ne partaient pas sur rien: la vieille église de Saint Jean (désormais appelée Saint Jean le Vieux), légèrement excentrée vers l'est de la ville, avait été choisie pour servir de base architecturale au nouvel édifice. Mais même avec cette précaution, la construction de la cathédrale fut un échec.

Et c'est pour cela que la principale église de Perpignan arbore encore à mon époque l'aspect inachevé qui est le sien.

Pourquoi cet échec? Un enchaînement malheureux de circonstances historiques... Il faut être bien conscient qu'une telle construction était, au Moyen-Âge, un chantier qui s'étalait sur plusieurs décennies. Il fallait donc avoir la durée pour soi. Or, commencée en 1324, la cathédrale de Perpignan n'a eu que vingt ans durant lesquelles on put travailler réellement à sa construction. Dès 1344 en effet, le royaume de Majorque commença à s'effondrer, son roi Jaume III fuyant en exil devant les forces de son cousin Pere IV d'Aragon.
Et quelques années plus tard, une terrible épidémie de peste noire ravagea tout le continent européen, et donc notre région aussi.
L'heure n'était plus aux grands chantiers!...

Ce n'est que plusieurs décennies plus tard, à partir des années 1440, que le projet fut repris, revu à la baisse, moins majestueux et plus hétéroclite. Mais il fallut attendre 1509 pour qu'enfin la cathédrale fût consacrée officiellement. Et encore un siècle, je vous l'ai déjà raconté, pour qu'elle supplante Elne comme siège du diocèse épiscopal.

À quoi ressemble-t-elle, cette cathédrale Saint Jean-Baptiste, telle que je peux la voir? Deux choses frappent le regard, quand on la découvre pour la première fois.

Tout d'abord, elle n'a pas de clocher!... Patrick me dit qu'avant votre époque, un petit clocheton (mais un seul!...) lui a été ajouté. Mais de mon temps: rien!

Avouez que c'est un peu étrange, une cathédrale sans clocher!...

Par ailleurs, il n'y a pas non plus de parvis. Seule une rue, assez étroite, permet d'accéder au bâtiment. Il paraît qu'on a un peu élargi et enjolivé l'endroit, bien après mon temps, mais là encore il y a un côté indéniablement moyenâgeux à cette cathédrale tellement insérée au milieu des habitations environnantes qu'elle n'est même pas mise en valeur.

Et pourtant, elle est majestueuse!... La nef est large, haute, richement meublée d'objets religieux.

Plus majestueuse à l'intérieur que dehors...

La construction est massive et solidement fortifiée...

Un édifice en apparence imprenable

Mais elle ne se conçoit qu'insérée au sein de la ville. Cette ville grouillante et sans cesse animée qui lui fait comme un écrin, au milieu des échoppes des artisans du quartier.

Comme si même dans l'édifice majeur de sa vie religieuse, Perpignan ne parvenait pas à faire oublier qu'elle n'est devenue que bien tard la principale ville de notre région.

Publié dans Ma région

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