La tribune de Serrabona

Publié le par Jaume Ribera

Je ne sais pas si on peut dire qu'il s'agit d'une passion: ma découverte de ce joyau est après tout très récente (vous en lirez les circonstances dans Le novice de Serrabona).
Mais je reconnais volontiers que durant mon court séjour sur place, je suis véritablement tombé sous le charme de la construction, aussi inattendue qu'envoûtante, qu'il renferme...

Elle est située au cœur-même du prieuré. Celui-ci date du début du XI° siècle, et a été construit au bord d'un à-pic descendant jusqu'à la rivière du Bolès. Il a regroupé une communauté de moines augustiniens jusqu'à la fin du siècle dernier, en 1593. Le manque de respect de la règle, la diminution du nombre des moines, la concurrence d'autres implantations, bénédictines elles... Tout cela fit péricliter l'implantation, qui devint alors une simple église paroissiale: celle du minuscule hameau de Serrabona, rassemblant surtout des mas perdus dans la montagne.
 

Lorsque nous sommes arrivés sur place, avec Francisco et Sylvia, je n'imaginais pas rencontrer un tel émerveillement. Le lieu, à première vue, semble assez austère. Et nous étions fatigués par notre longue chevauchée.

C'est le lendemain matin, lorsque le curé Respaut nous a conduits dans la nef du prieuré, que j'ai ressenti un véritable choc esthétique. Imaginez-vous, dans la pénombre et le silence des épais murs de schiste, brusquement confronté à ceci:

Une profusion de marbre rose, sur deux niveaux, avec des sculptures omniprésentes sur les chapiteaux, les linteaux, les arcades... Aucune de ces sculptures n'est identique à une autre. Elles représentent des animaux fantastiques, des personnages fabuleux, des monstres légendaires, tout un bestiaire imaginaire dont un œil exercé distingue qu'il fut réalisé par plusieurs artistes. Le tout au XII° siècle.

 

 

 

 

Quelle était la fonction de cette tribune? Il semble qu'il ne s'agissait pas d'un simple jubé, séparant le chœur du reste de la nef. Mais bel et bien d'un portail intérieur, à la signification architecturale et symbolique étonnante au début du XII° siècle, dans un endroit aussi isolé.

En tous cas, c'est une merveille, dont le souvenir ne s'efface pour ainsi dire jamais dans l'esprit de ceux qui ont eu la chance de la voir.

Publié dans Mes passions

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