Des animaux de compagnie???
Il y a bien sûr énormément de différences (voire de divergences) entre votre époque et la mienne. Il en est une qui touche au mode de vie des individus de tout rang social: la place faite aux animaux. Si j'en crois ce que me raconte Patrick, certains ne reculent devant aucune extravagance en vos temps...
Pour mes contemporains (comme pour moi d'ailleurs), l'animal ne peut exister auprès de l'être humain que parce qu'il y a un e bonne raison pour ça. Je ne parle bien sûr pas ici des animaux sauvages, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas de contacts réguliers avec les humains. Ceci étant précisé, il n'y a dans notre vision de la vie que deux types d'animaux.
- Ceux qui ont une utilité économique ou pratique. Le plus important parmi ceux-ci est bien sûr le cheval, qui est avant tout notre principal moyen de transport. À l'extérieur des villes, tout le monde sait monter à cheval dès sa plus jeune enfance. Et souvent à cru! La seule vraie difficulté est qu'un cheval coûte cher. À acheter et surtout à entretenir! C'est pour cela que beaucoup se contentent d'un simple âne, ou d'un mulet.
Les autres animaux utiles sont ceux que l'on rencontre dans toutes les fermes: bovins, ovins, volailles, porcins... Ceux-ci ne sont pas uniquement des réserves de nourriture. Ils sont nécessaires pour l'élimination des déchets, les travaux des champs, la collecte de leur laine... Ils sont aussi une source appréciable de revenus, lorsque les portées ont été fécondes.
- Ceux qui sont uniquement des proies. Dans quel but? La nourriture bien sûr! Hormis les poissons (de mer ou de rivière), qui ne nous servent à rien d'autre, ils ne sont d'ailleurs pas si nombreux que ça, car les chasser nécessite des moyens qui ne sont pas disponibles pour tout le monde. De plus, les gibiers posent d'autres problèmes. Hormis le petit gibier (lapins et oiseaux essentiellement, capturés la plupart du temps par des pièges), les grosses pièces (chevreuils, cerfs, voire sangliers...) nécessitent que leur viande soit correctement conservée pour être consommable sans danger. Or à mon époque, les moyens de conservation ne sont pas très sophistiqués, hormis les salaisons. Sachant que le sel est devenu une denrée très chère, depuis que notre nouveau roi nous a assujettis à la gabelle, que notre région n'avait jamais connue sous la couronne espagnole.
Je vous devine en train de protester: "Et les chiens et les chats, alors?". Car je sais qu'à votre époque, ces deux espèces vivent totalement avec vous, sans autre fonction que d'égayer votre quotidien. Pour mes contemporains, ils font uniquement partie de la première catégorie dont je vous ai parlé. Les chiens parce qu'ils nous aident à la chasse et qu'ils surveillent la sécurité de nos habitations. Les chats parce qu'ils sont les prédateurs principaux des rats et des souris qui en veulent aux réserves de nourriture que nous avons dans nos celliers ou nos greniers. Et c'est tout!
Ce qui ne nous empêche pas, rassurez-vous, d'avoir de l'affection pour nos animaux et d'apprécier leur compagnie. Mais que voulez-vous! À mon époque, l'impératif majeur pour la majorité d'entre nous est celui de la survie. Dans un contexte social où pour beaucoup il est difficile de nourrir tous les humains habitant la maisonnée, il serait impensable d'ajouter d'autres bouches à nourrir, félines ou canines... uniquement pour avoir de la compagnie!...